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Une langue commune pour des interactions harmonieuses
Dans la relation entre l’Homme et le cheval, un enjeu majeur se détache : la communication. Bartabas l’exprime avec poésie : « Dresser un cheval, ce n'est pas lui faire acquérir des automatismes, c'est d'abord se construire un vocabulaire commun, puis une grammaire commune, puis, s'il le veut bien, finir par dire des poèmes ensemble. » Mais comment concrètement bâtir ce vocabulaire commun et aligner nos gestes, nos mots et nos intentions avec ceux de notre cheval ?
Comprendre le langage corporel du cheval : une étape essentielle
Le cheval utilise avant tout un langage corporel subtil pour communiquer, que ce soit avec ses congénères ou avec les humains. Ses oreilles, son regard, la position de ses membres ou encore les tensions dans son corps en disent long sur ses émotions et ses intentions. Il est donc essentiel que le cavalier ou le soigneur se familiarise avec ce langage non verbal.
Les bases du langage équin : Les postures des chevaux peuvent indiquer la vigilance, la méfiance ou encore l'apaisement. Par exemple, des oreilles plaquées en arrière signalent souvent une menace, tandis qu'une lèvre relâchée traduit la relaxation. Il existe toute une gamme de subtilité pour l'oeil averti. Où en êtes-vous de votre connaissance du langage équin ?
L’importance d’une observation active : Passer du temps à observer les chevaux entre eux permet de développer une sensibilité accrue à ces signaux, première étape pour ajuster son propre comportement. C'est pourtant un temps que l'on néglige souvent car il s'apparente à du temps passif, "hors-travail". Valorisez-vous suffisamment ces moments d'observation ?
Prendre conscience de son propre langage : verbal et non verbal
Pour établir une communication harmonieuse avec son cheval, il est crucial de prendre conscience de son propre langage, qu'il soit verbal ou non verbal. Souvent, les humains utilisent des ordres explicites pour demander une action à leur cheval (« stop », « avance »), mais émettent aussi des signaux involontaires avec leur corps qui peuvent être perçus par l'animal.
Les ordres délibérés : Ces signaux sont clairs et intentionnels, comme une pression des jambes pour avancer ou une légère tension sur les rênes pour ralentir. Ces codes sont appris par le cheval au fil du temps et constituent une base essentielle de la communication.
Les signaux involontaires : Votre posture, vos tensions musculaires, voire votre respiration peuvent transmettre des messages non prévus. Par exemple, un cavalier qui se crispe involontairement peut inciter son cheval à ralentir ou à s’arrêter, même si l'ordre verbal est contraire.
Ainsi, êtes-vous attentif à la communication non verbale autant que verbale pour harmoniser votre langage et ainsi renforcer la clarté de vos demandes ?
Cinq erreurs classiques à éviter
Dans la relation avec le cheval, certaines erreurs de communication peuvent rapidement nuire à la compréhension mutuelle. Voici cinq erreurs fréquentes à éviter :
Utiliser des codes imprécis ou ôter la valeur du code : Des signaux vagues ou mal définis peuvent laisser le cheval perplexe. On le sait par exemple du positionnement imprécis pour demander une cession à la jambe. Mais pire -et très fréquent - quand on n'arrête pas le code dès que le cheval répond, on prend le risque de créer de la confusion chez le cheval et d'enlever tout sens au code pour lui. Par exemple, si on met des jambes pour lui demander d'avancer, et que, quand il avance, on garde les jambes, que peut-il bien comprendre ? "Ah donc, ce n'était pas avancer que mon humain là-haut voulait que je fasse s'il continue à demander ? Etait-ce autre chose - partir plus vite, en crabe, etc. ou alors rien du tout qui vaille la peine que je l'écoute ?"
Changer de code au fil du temps : Modifier sans raison spécifique les signaux utilisés pour une même action (par exemple, utiliser un jour un claquement de langue et le lendemain « hop » pour passer au trot) peut brouiller le message et entraîner confusion et frustration - des deux côtés-. Se discipliner à être constant dans ses ordres rend nos demandes plus facilement compréhensibles et fluidifie la relation.
Insuffisamment harmoniser les codes entre les différentes personnes : Si plusieurs personnes s’occupent du cheval sans se mettre d’accord sur les mêmes codes, le cheval recevra des messages incohérents. Il est donc crucial de standardiser les ordres au sein de l’équipe.
Envoyer des signaux contradictoires : Une intonation ferme accompagnée d’un langage corporel relaxé ou, à l’inverse, une posture tendue avec une voix douce peuvent perturber l’animal. Ce sont comme deux communication simultanées mais non cohérentes. Laquelle doit-il croire ? Travaillez l'harmonisation de vos codes verbaux et non verbaux. Vous gagnerez en impact et lisibilité ! ( Spoiler : compte aussi beaucoup dans les communications humaines;))
Oublier d’apprendre au cheval le sens des mots et actions physiques : Il ne faut pas supposer que le cheval comprend d’instinct ce qu’un mot ou une action physique signifie. Chaque nouvel ordre doit être enseigné patiemment. Pour évident que cela puisse paraitre évident, c'est une erreur fréquente dans le feu de l'action ou sous le coup de l'enthousiasme !
Vos ressources pour travailler cette grammaire commune
- Fortifier ses capacités de décodage du langage non verbal du cheval :
On n’insistera jamais assez sur l’importance d’apprendre à décoder le langage corporel du cheval. Sans cela, impossible de savoir si votre cheval se sent confus par vos demandes ou serein, inquiet ou enthousiaste.
Pour le B.A.BA, le livre "Instant Cheval: la connaissance du cheval expliquée aux enfants ... de 7 à 97 ans" donne les signes principaux à repérer pour décoder les états émotionnels du cheval. Les affiches pédagogiques complètent et approfondissent, notamment pour la communication de conflit et frustration, le livre.
Pour les moniteurs, equithérapeutes, equicoachs, les séances prêtes à l’emploi permettent de décomposer les apprentissages et de les guider avec des observables précis et des supports de mémorisation
- Travailler sur sa cohérence et la grammaire commune
Il y a beaucoup à dire et à faire sur ce thème. Cela passe autant par travailler sur soi que par travailler à deux autour de cette grammaire commune. Le livre Instant Cheval, les clés de la relation Homme-Cheval décompose ces aspects et propose de nombreuses idées d’exercices autant que la présentation des grands principes d’apprentissage pour savoir bien les appliquer.
Indispensable mais pas suffisant car rien ne remplace la pratique et le coaching en direct pour vous aider. N’hésitez pas à vous mettre à plusieurs travailler les exercices et vous faire effet miroir les uns les autres ! Très utile car on ne se voit pas faisant !
Et pour finir, si vous êtes professionnels et encadrez des groupes avec vos chevaux, voici un petit exercice offert dont vos chevaux vous remercieront ( fonctionne aussi si vous êtes en demi-pension sur un cheval) :
Activité pratique offerte : Harmoniser ses codes de communication
Voici une activité - tirée du livre Instant Cheval: les clés de la relation Homme-Cheval - pour harmoniser votre communication avec votre cheval. L’objectif est simple : clarifier et standardiser les codes utilisés au quotidien.
Matériel nécessaire : Prenez une grande feuille et tracez trois colonnes. Rassemblez vos élèves, vos DP, vous-même. Complétez chaque colonne :
Colonne 1 : Actions attendues
Notez les actions que vous attendez de votre cheval (ex. : s'arrêter, passer au trot).
Colonne 2 : Codes utilisés
Précisez le code vocal, physique ou gestuel associé à chaque action (ex. : « stop » pour s'arrêter, léger recul du haut du corps pour ralentir).
Colonne 3 : Améliorations possibles
Identifiez les points à affiner pour gagner en clarté et en finesse dans vos interactions (ex. : travailler l’intonation pour rendre un ordre plus compréhensible).
Discutez-en ensemble. Visualisez bien ces codes. Prenez le temps d'harmoniser votre vocabulaire et de créer un langage plus clair et cohérent pour vos chevaux, que ce soit dans le travail monté, le travail à pieds et en liberté, ou meme pour les soins et les manipulations quotidiennes. Affichez la feuille dans un endroit visible pour pouvoir se la rappeler et continuer à la compléter.
Cette démarche participative favorise la cohérence collective dans la communication avec le cheval. Il vous en dira merci !
Conclusion : Vers une communication poétique
Construire un vocabulaire et une grammaire commune avec son cheval est un processus continu, qui demande du temps, de l’observation et de la cohérence. L’objectif final ? Des interactions fluides et harmonieuses, où chaque ordre devient une invitation, chaque réponse, une conversation. Comme le dit Bartabas, c’est ainsi que l’on peut, à terme, « dire des poèmes ensemble ».
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