Les goûts du cheval : une activité ludique pour mieux connaître son cheval
- christinechemin
- 28 nov.
- 4 min de lecture
Le saviez-vous ? Les chevaux ont de véritables préférences gustatives. Elles varient d’un individu à l’autre, mais aussi d’une saison à l’autre. Les connaître n’est pas seulement amusant : cela permet de mieux comprendre l’individu que l’on a en face de soi. C’est aussi très utile pour introduire davantage de diversité alimentaire dans leurs récompenses et choisir celles qui les motivent réellement.

On a parfois l’impression, en regardant nos chevaux brouter dans les prés qu’ils ont un régime alimentaire très peu varié : il se réduirait à ... de l’herbe. En réalité, dans les environnements naturels, il existe une multitude de variétés de graminées, avec des qualités nutritionnelles et des goûts différents. Les chevaux les sélectionnent et composent ainsi un régime très ajusté. Au-delà de l’herbe, les recherches ont montré qu’ils consomment également bien plus d’espèces que ce que l’on pense : feuilles, jeunes pousses, écorces, plantes aquatiques… Par exemple, une étude de Putman et al. (1981) sur les poneys féraux du New Forest a montré qu'ils consommaient une grande variété de plantes : graminées de plusieurs espèces, carex, joncs, molinie, bruyère, ajonc, fougères, mousses, herbacées diverses, ainsi que des feuilles d’arbres (1). Une autre étude réalisée au Mexique a trouvé près d'une cinquantaine d’espèces végétales consommées à l’état naturel.(2)
Dans nos conditions domestiques, nos chevaux ont souvent accès à une variété beaucoup plus réduite. Mais il est possible de réintroduire de la diversité, par exemple en variant la qualité des fourrages ou en proposant des récompenses alimentaires plus diversifiées. Cette variété est importante non seulement pour leur santé, mais aussi pour leur bien-être. Dans la nature, les chevaux modulent leurs habitudes alimentaires en fonction de la disponibilité des plantes, mais aussi de leurs besoins internes : une manière de couvrir différents apports nutritionnels, voire de s’auto-médiquer. Cette diversité représente également une source de stimulation sensorielle et cognitive. Elle participe pleinement à leur équilibre.(3)
Un jeu simple et amusant : le test des gourmands
Pour jouer avec ces préférences alimentaires, il existe un test très simple et ludique, à faire aussi bien avec son propre cheval qu’avec un groupe, si l’on est moniteur d’équitation. C’est également une activité intéressante en médiation équine : elle permet de créer un effet miroir, en invitant la personne à réfléchir à ses propres préférences, à les exprimer clairement et à tenir compte de celles des autres — une compétence sociale importante à tout âge.
Comment le réaliser ?
Le protocole est très simple. Commencez par choisir un petit panel d’aliments. Les chercheurs se sont amusés à faire des tests statistiques sur les goûts préférés par les chevaux. Et ils en ont trouvé des surprenants. Par ordre de préférence, ils ont recensés : le fenugrec, la banane, la cerise, le romarin, le cumin, la carotte, la menthe et l’origan.(4) Bien au-delà donc de nos traditionnelles carottes et pommes ;) Certains chevaux - bien que rares - apprécient même les saveurs épicées comme le gingembre. A chacun son goût ! Selon la saison, on peut aussi tester la châtaigne, l’endive, la pastèque, les clémentines !
Découpez chaque aliment en petits morceaux et répartissez-les au sol, espacés d’au moins un mètre. Approchez le cheval en longe jusqu’à la « zone de dégustation », puis lâchez-le et observez.
Pour le faire de manière rigoureuse, vous pouvez vous inspirer du protocole décrit dans Instant Cheval – Les clés de la relation Homme-Cheval. Deux critères principaux permettent d’identifier ses préférences :
l’aliment qu’il choisit en premier,
le temps qu’il passe sur chacun d’eux.
Observez également ses mimiques : elles sont parfois très parlantes (et souvent très drôles). Certains aliments très odorants déclenchent un flehmen ; d’autres provoquent une petite grimace liée à l’amertume. Tout cela vous renseigne sur ses préférences gustatives, souvent méconnues.
Attention : certains chevaux sont aussi néophobes. Ils ne goûteront rien d’autre que leurs carottes ou leurs pommes favorites. Cela fait aussi partie de leur profil, et mérite d’être pris en compte.
Une fois ces préférences identifiées, il devient très facile de les utiliser pour améliorer la relation. Varier les récompenses alimentaires, choisir celles que Pompom ou Tornado aiment le plus pour accompagner une difficulté particulière, renforcer un comportement ou soutenir leur attention permet de rendre l’apprentissage plus fluide et plus agréable.
Fun fact : Crispino, sur les photo, adorait les bananes : c’était son « Saint Graal » pour mobiliser son énergie, son attention et ses compétences lors d’un exercice plus exigeant que d’habitude.
Bon test… et amusez-vous bien !
Références des études :
(1) Food and Feeding Behaviour of Cattle and Ponies in the New Forest, Hampshire, Putman, R. J. et al., Journal of Applied Ecology 24.2, 1987, p369–380.
(2) Seasonal Composition of the Diet of Free-Range Equines in Northern Coahuila, Mexico, Ochoa-Espinoza, J. J. et al., Therya 16.3, 2025, p325–334. DOI:10.12933/therya-25-6202.
(3) Foraging enrichment for individually housed horses: Practicality and effects on behaviour, J.B. Thorne, D. Goodwin, M.J. Kennedy, H.P.B. Davidson, P. Harris, Applied Animal Behaviour Science 94, 2005, p 149–164
(4) Selection and acceptance of flavours in concentrate diets for stabled horses, D. Goodwin, H.P.B. Davidson, P. Harris, Applied Animal Behaviour Science, Volume 95, Issues 3–4, December 2005, Pages 223-232
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