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Vrai ou faux ? Le cheval peut “développer sa confiance en soi"

  • Photo du rédacteur: christinechemin
    christinechemin
  • il y a 3 jours
  • 7 min de lecture

On réserve souvent l’expression confiance en soi aux humains. Il est vrai que ce concept psychologique est lié à l’image de soi, à la projection dans l’avenir, à la représentation que nous avons de nos capacités. Un cheval, lui, ne se raconte pas d’histoires sur ce qu’il sera capable de faire demain. Il ne doute pas de sa valeur, et ne remet pas en cause son identité.

Et pourtant…

l’observation quotidienne des chevaux — et les avancées de l’éthologie moderne montrent qu’un cheval peut bel et bien :

  • mieux gérer ses émotions,

  • devenir plus serein face aux nouveautés,

  • s’appuyer davantage sur l’humain comme figure de stabilité,

  • réagir avec moins d’inquiétude et moins de fuite automatique.

Autrement dit : il peut développer une forme de maturité émotionnelle, qui joue un rôle analogue — sans être identique — à ce que nous appelons la “confiance en soi” chez l’humain.

Mais ce processus n’a rien de magique.Il se construit.Il s’oriente.Et il dépend profondément de la manière dont nous accompagnons le cheval dans son quotidien.

Petit zoom sur ce thème peu abordé de la confiance en soi chez le cheval, et pourtant essentiel.


1. Pourquoi parle-t-on plutôt de confiance en soi pour les humains ?

Chez l’humain, la confiance en soi est liée à des représentations internes : “je me sens capable”, “je crois en moi”, “je peux y arriver”. Il repose sur des représentations internes, sur la capacité d’un individu à évaluer ses compétences, à se projeter, à se raconter son propre potentiel. Un cheval, lui, n’intellectualise pas ses réussites, ne s’auto-évalue pas et ne verbalise pas ses craintes.


Pour autant, il serait tout aussi erroné de considérer que le cheval “ne ressent rien”, “réagit mécaniquement” ou “ne peut pas évoluer”.


Les recherches modernes et l’expérience de terrain convergent : les chevaux apprennent, retiennent, ajustent, repèrent les signaux qui prédisent la sécurité ou le danger, et modifient durablement leurs réactions selon leurs expériences.


Comme tous les mammifères, ils possèdent une plasticité émotionnelle : la capacité de modifier leurs réactions grâce à l’expérience.

Ainsi, lorsque les expériences se répètent :

·       de manière cohérente,

·       graduée,

·       sécurisée,

·       sans surcharge émotionnelle,

le cheval devient plus capable de maitriser ses réactions face aux situations stressantes, plus curieux, et moins sujet aux réactions de fuite disproportionnées.


Ce processus s’apparente à une montée en compétence émotionnelle, analogue à ce que l’on pourrait appeler, chez nous, de la confiance en soi.


Chez le cheval, la confiance en soi ne renvoie donc pas à des croyances, mais à un apprentissage émotionnel.


2. Comprendre le fonctionnement émotionnel du cheval

Pour comprendre comment un cheval peut progresser émotionnellement, il faut d’abord comprendre comment sa peur fonctionne.


Les chevaux sont des animaux de proie. Leur premier mode de survie, inscrit dans des millions d’années d’évolution, est la fuite. La peur n’est pas un défaut : c’est un système de survie extraordinairement efficace.


Cependant, ils sont aussi dotés d’un système d’apprentissage très fin, basé sur différents mécanismes tels que :


✔ L’habituation

C’est la diminution progressive d’une réaction lorsque le cheval est exposé à quelque chose de non dangereux, de manière répétée et prévisible.👉 En clair : le cheval s’habitue parce que le stimulus cesse d’être surprenant.


✔ La désensibilisation progressive

C’est l’art de présenter au cheval un stimulus potentiellement inquiétant, mais en doses si petites qu’il peut rester calme et comprendre qu’il n’y a rien à craindre.👉 En clair : on avance par petits pas, à une intensité que le cheval peut gérer.


✔ Le contre-conditionnement positif

Associer quelque chose d’inquiétant à une expérience plaisante (friandise, grattouille, pause) pour modifier l’émotion associée.


3. Les coping strategies : ce que fait le cheval quand il n’a pas appris à gérer sa peur

Lorsqu’un cheval n’a pas eu l’occasion d’apprendre progressivement à gérer l’inconnu, il se repose par défaut sur ce que l’on appelle ses coping strategies : des stratégies automatiques de gestion du stress.

Chez le cheval, ces stratégies sont très souvent orientées vers la fuite, car elles ont assuré la survie de son espèce depuis 60 millions d’années.


Cela peut se traduire par :

  • un écart brutal,

  • une dérobade,

  • un demi-tour fulgurant,

  • une accélération soudaine,

  • ou un refus net d’avancer.


Ces comportements ne sont ni de la mauvaise volonté, ni un manque de respect :👉 c’est la stratégie par défaut d’un individu qui n’a pas encore les outils pour faire autrement.

Le problème est que ces réactions automatiques :

  • mettent parfois l’humain en danger,

  • renforcent la peur séance après séance,

  • créent un cercle vicieux où la fuite devient la solution préférée.


Le rôle de l’apprentissage progressif (habituation, désensibilisation, expériences positives) est justement de remplacer ces coping strategies automatiques par des réponses plus calmes, plus réfléchies et plus sécurisées — pour le cheval comme pour l’humain.

4. Moins de peur, moins de fuite : comment cela se manifeste ?

Un cheval qui se sent plus serein va présenter :

·       moins de réactions brusques face aux bruits et mouvements,

·       davantage de pauses exploratoires (renifler, regarder calmement),

·       une posture plus détendue,

·       une plus grande capacité à écouter l’humain dans les situations stressantes,

·       un retour au calme plus rapide.


Chaque expérience positive devient une “brique” dans sa construction émotionnelle. À l’inverse, chaque expérience brutale, excessive ou mal calibrée peut solidifier une peur — ou même en créer une nouvelle.

C’est pourquoi l’enjeu n’est jamais “désensibiliser à tout prix”, mais créer des micro-expériences où le cheval réussit.

5. Comment ne pas renforcer la peur : calibrer la zone d’apprentissage

Comment ne pas renforcer la peur : calibrer juste

Renforcer involontairement la peur est très courant.

Exemples :

  • On retire un stimulus dès que le cheval montre des signaux faibles d’inquiétude → on confirme involontairement qu’il avait peut-être raison d’avoir peur.  

  • On met trop de pression trop vite → il franchit la zone de panique → apprentissage inhibé.

  • On demande trop d’un coup → il anticipe négativement la prochaine séance.


L’éthologie comparée et la psychologie de l’apprentissage montrent que le stress intense bloque la capacité d’apprentissage.


Pour apprendre, il faut être dans un territoire émotionnel très particulier :👉 la zone d’apprentissage — cet espace où l’on est suffisamment challengé pour progresser, mais pas assez submergé pour paniquer.

Et cela vaut pour le cheval comme pour l’humain.

🎁 Ressource Instant Cheval – Identifier les zones de confort, d’apprentissage et de panique


Voici deux ressources offertes pour aider à identifier ta zone d'apprentissage et celle de ton cheval, voire celle de votre couple humain-équin ! Elles sont issues du Grand Kit de la Confiance en soi que tu peux retrouver en bas de cet article. Télécharge-les, imprime-les et remplit la fiche "Et nos zones d'apprentissage à nous" pour toi et ton cheval.


Ces ressources permettent de :

  • comprendre que chevaux et humains partagent une architecture émotionnelle comparable,

  • identifier ce qui appartient à la zone de confort (facile, connu),

  • repérer ce qui relève de la zone d’apprentissage (défi gérable),

  • détecter la zone de panique (stress intense → apprentissage impossible),

  • éviter le cercle vicieux : peur → anticipation négative → peur augmentée → séance suivante plus difficile.

Elles sont particulièrement utiles pour :

  • planifier une progression juste,

  • ajuster ses exercices,

  • éviter les surcharges émotionnelles,

  • accompagner le cheval sans le brusquer,

  • travailler en couple (cavalier + cheval).

Chaque séance est l’occasion de réévaluer ces zones, car elles évoluent au fil du temps.


6. Construire progressivement la curiosité : la clé de la maturité émotionnelle

Une fois que l’on comprend les zones d’apprentissage, la question devient :👉 comment amener un cheval vers la zone de croissance, sans franchir la zone de panique ?

La curiosité n’est pas innée : elle se construit par de petites expériences bien orchestrées. L’objectif n’est pas “désensibiliser à tout”, mais donner envie d’explorer.

C’est là que l’on mobilise les outils de l’éthologie appliquée :

✔ Micro-expositions graduelles

Un stimulus faible → un peu plus fort → puis un peu plus fort.

✔ Associations positives

Chaque petite découverte est associée à du confort, une pause, un relâchement, une friandise, une gratouille.

✔ “Approche–retrait”

Le cheval contrôle la distance : il avance, puis se retire un peu → c’est un comportement normal et sain.

✔ Fragmentation des tâches

On découpe un grand défi en 5 ou 10 micro-étapes réalistes.

🎁 Ressource Instant Cheval – Fiche de désensibilisation prête à l’emploi

Voici deux ressources offertes pour aider à imaginer et préparer tes prochaines séances de désensibilisation. Elles sont issues du livre Instant Cheval : les clés de la relation Homme-Cheval que tu peux retrouver en bas de cet article. Télécharge-les, imprime-les et sers-toi de la fiche "Prépare ta séance de désensibilisation" comme guide pour structurer tes prochaines séances.


Ces outils offrent un cadre simple pour :

  • planifier une séance,

  • définir son objectif,

  • identifier ce qui peut faire peur,

  • décomposer les étapes,

  • observer les signaux (posture, regard, tension → relâchement),

  • mesurer la réussite,

  • varier les expériences.

Ils permettent d’ancrer la désensibilisation dans une logique sécurisée, progressive, constructive, adaptée à chaque cheval et à chaque binôme.


7. Un travail à deux : la régulation émotionnelle du couple

La recherche a montré que :

  • les chevaux perçoivent nos émotions via nos postures, nos tensions musculaires, notre respiration

  • l’incohérence émotionnelle (peur dissimulée, tension non assumée) augmente leur vigilance

  • la cohérence, la lenteur, le calme véritable ont des effets régulateurs


Le cheval n'est pas un robot. C’est un individu sensible qui construit ses repères émotionnels avec nous.

Nous ne pouvons pas demander au cheval de gérer sa peur et de compenser la nôtre.

C’est un partenariat :

  • on l’aide à apprendre progressivement,

  • mais nous avons aussi la responsabilité de travailler sur nous, nos émotions, notre confiance en nous pour être son référent dans les moments difficiles. Devenir plus cohérent, plus attentif, plus juste... Tout un programme qui nous aide aussi à nous développer en tant que personne, ami, collègue, manager, leader, etc.


Cette dimension relationnelle est centrale chez Instant Cheval.


Conclusion : maturité émotionnelle, relation et sécurité

Aucune séance ne vise à “mécaniser” ou "insensibiliser" le cheval. L’objectif est de construire une relation dans laquelle :

  • ses instincts naturels ne sont pas censurés mais canalisés,

  • il expérimente sans danger et pas à pas,

  • il devient capable d’aborder les nouveautés avec curiosité plutôt que peur.


La maturité émotionnelle du cheval est un processus, pas un état. Une trajectoire faite d’expériences, de nuances, d’observation, de patience, et surtout d’une relation où chacun progresse… à son rythme.



📚 Références bibliographiques

[1] McLean, A. & McGreevy, P. (2010). Equitation Science. Wiley-Blackwell.

[2] Christensen, J. W., Rundgren, M., & Olsson, K. (2006). « Training methods for horses: Habituation to a frightening stimulus ». Equine Veterinary Journal

[3] Hausberger, M., Roche, H., Henry, S., & Visser, E. K. (2008). « A review of the human–horse relationship ». Applied Animal Behaviour Science

[4] Henshall, C., Randle, H., Francis, N. et al. (2022) « The effect of stress and exercise on the learning performance of horses ». Scientific Report 

[5] Proops, L., Grounds, K., McComb, K. (2018). « Animals remember previous facial expressions that specific humans have exhibited ». Current Biology.


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